A l’issue de l’Assemblée Générale du SDPPR 18, s’est tenue l’intervention suivante :
De nouvelles formes d’entreprises agricoles pour de nouveaux défis
Résultats issus des travaux de Geneviève NGUYEN, François PURSEIGLE
Toulouse INP – Ecole Nationale Supérieure Agronomique de Toulouse
Unité mixte de recherche INRAE – Toulouse INP AGIR
De nouvelles formes d’entreprises agricoles pour de nouveaux défis
Résultats issus des travaux de Geneviève NGUYEN, François PURSEIGLE
Toulouse INP – Ecole Nationale Supérieure Agronomique de Toulouse
Unité mixte de recherche INRAE – Toulouse INP AGIR
Madame Nguyen débute son intervention par un état des lieux du monde
agricole :
En 2019 on dénombrait 400 000 agriculteurs exploitants, soit 1,5 % de l’emploi
total (Source : INSEE 2020). Cela représente une baisse de moitié en 25 ans,
essentiellement due à la baisse de l’effectif des chefs d’exploitation. Ce n’est pas
fini. En effet 25 % des chefs d’exploitation ont 60 ans ou plus (Source : Ministère de
l’agriculture, 2021). Aujourd’hui, un départ sur 3 n’est pas remplacé ; la moitié des
agriculteurs vont atteindre l’âge de la retraite d’ici 2030 et 2/3 déclarent ne pas avoir de successeur.
Dans le Cher, on constate une baisse de 17% d’exploitations en 10 ans, surtout en
élevage. La majorité des exploitations aujourd’hui sont spécialisées en grandes
cultures, moitié sous forme sociétaire. 28% des exploitants ont plus de 60 ans.
Au-delà de cette constatation, on assiste à un éclatement des systèmes
d’exploitation et à la coexistence de plusieurs structures d’entreprise (par
exemple une nette progression du recours à la prestation de service).
Il en ressort que 10 % des entreprises agricoles ont des allures de firmes,
correspondant à des modalités de gestion plus complexe. Pour 60 % d’entre elles,
le capital est détenu par la famille. Pour les autres le capital est détenu par des
investisseurs extérieurs. Ainsi une famille peut se trouver à la tête de plusieurs
entités juridiques différentes, selon la raison sociale de l’entreprise (production
d’énergie par exemple).
En France, en 2019, la superficie agricole utilisée (SAU) représente 45 % de la
superficie du pays. Ainsi, 26,8 millions d’hectares sont composés de terres
arables,
Si on regarde de plus près la famille et la gestion du foncier agricole, en 2020, 35 %
de la SAU des terres cultivées le sont par leurs propriétaires. La majorité d’entre
eux a plus de 65 ans. 51 % sont des personnes physiques, 34 % sont des indivisions,
12,5 % sont des personnes morales.
On voit émerger de nouvelles formes de « faire ensemble » (associations
d’exploitations, nouvelles formes de coopération).
Revenons cependant sur la notion de « faire faire » en hausse de 50 % en 20 ans.
De plus en plus, une activité de service comme une autre se développe dans
certaines exploitations, prenant la forme d’une tertiarisation des activités productives agricoles, un co-pilotage ou même la délégation intégrale (12,5 % du total des exploitations de grandes cultures).
Ces nouveaux « maîtres d’oeuvre » se doivent d’assurer la pérennité de l’activité
agricole des membres, diversifier les sources de financement en valorisant leur
expertise agronomique et se positionner sur le marché.
Cet éclatement des formes d’exploitation, accompagnent un processus de fond de
« tertiarisation », de « banalisation » et de « financiarisation » de l’agriculture.
Les organisations professionnelles sont bousculées dans leurs missions.
Les politiques publiques, marquées par un héritage des années 50, continuent à
faire la promotion du modèle familial traditionnel.
Selon madame Nguyen, ces évolutions devront répondre à plusieurs défis dont la
transmission et l’installation, la souveraineté alimentaire…
La présidente du SDPPR 18, Roselyne DUBOIN, a grandement remercié Madame
Nguyen pour la qualité de son intervention, insistant sur ces nouveaux modes de
faire valoir.
Gérer son patrimoine agricole au mieux est un véritable enjeu dans le contexte
économique et fiscal actuel.
Le métier d’agriculteur se complexifie. La hausse des normes réglementaires, des
contraintes environnementales, sans parler du coût du matériel, la fluctuation des
marchés, peuvent expliquer le choix du « faire-faire ».
En positif, la demande d’une main d’œuvre qualifiée est revue à la hausse. Les
entreprises de travaux agricoles sont toujours des agriculteurs, ne l’oublions pas. !
Pour les détracteurs, le jour où le propriétaire se verra assuré d’un réel revenu
foncier et d’une certaine liberté de contractualisation, il reviendra peut-être plus
au modèle de location traditionnel…
Finalement pour le monde agricole, des terres qui restent en production, quel que
soit le mode d’exploitation, c’est toujours mieux que des terres qui partent à la
friche, à la chasse, au boisement, n’est ce pas ?